Plantes toxiques chez le cheval
article publié sur https://www.classequine.com/fiches-conseils/maladies-du-cheval/plantes-toxiques-cheval/
rédigé par le dr P. Cantet, vétérinaire équin
Les intoxications sont une source d’angoisse importante chez les propriétaires de chevaux. Si on peut éviter relativement facilement l’exposition aux toxiques chimiques, les plantes toxiques sont nombreuses et parfois difficiles à repérer. Nous vous donnons ici quelques clés pour éviter les intoxications par les plantes chez votre cheval et pour bien réagir en cas de suspicion.
Sommaire
Les principales précautions à prendre en prévention
- Dans son environnement
La nature est bien faite, et la plupart du temps les chevaux ne sont pas attirés par les plantes toxiques.
Ils vont donc rarement les manger d’eux-mêmes.
Cependant, cela s’applique plutôt aux chevaux vivant au pré et ayant donc le choix avec de l’herbe ou d’autres végétaux. Les chevaux vivant en paddock épuisent rapidement le sol et sont plus facilement tentés de grignoter n’importe quoi. Il faut donc être particulièrement vigilant dans ces cas-là.
Le risque est donc plus élevé dans un petit paddock que dans un grand pré riche en végétation, mais il est plus facile d’y lutter contre les plantes toxiques pour les chevaux.
- Dans le foin
Une fois séchée et mélangée au fourrage, une plante toxique est beaucoup plus difficile à identifier et à repérer, pour le cheval comme pour l’homme.
De nombreux cas d’intoxication par les plantes sont ainsi liées à un fourrage contaminé par des espèces toxiques.
Si elles sont facilement repérables en grande quantité, quelques feuilles peuvent malheureusement passer inaperçues.
Pour la plupart, les symptômes seront très discrets si la quantité ingérée est faible mais dans certains cas comme le laurier rose, la dose mortelle est très faible. Il est donc primordial de toujours regarder le foin de près, au moment d’ouvrir une nouvelle balle comme au moment de la distribution.
Par ailleurs, il faut privilégier un fournisseur sérieux, fiable et habitué à produire du foin pour chevaux car les plantes toxiques ne sont pas forcément les mêmes que pour les ruminants.
- En balade avec votre cheval
En extérieur, le cheval peut être tenté de grignoter tout ce qui passe à sa portée.
De nombreuses plantes d’ornement ou de jardin sont toxiques, et de toute manière il faut toujours se dire qu’elles peuvent avoir été traitées. Il convient donc de ne pas laisser son cheval manger en balade, à part éventuellement un peu d’herbe, en pleine nature et non dans un parc.
Comment réagir en cas de suspicion d’intoxication chez le cheval ?
Il y a deux cas de figures pour lesquels vous pouvez suspecter une intoxication :
La première possibilité : c’est de voir votre cheval ingérer une plante suspecte ou d’en trouver dans son foin.
La deuxième possibilité : c’est d’observer des symptômes évocateurs d’intoxication.
Si vous pensez que votre cheval a mangé une plante potentiellement toxique :
Si vous connaissez la plante et que vous la savez dangereuse :
Contactez votre vétérinaire au plus vite. Il pourra vous dire en fonction de la dose toxique minimale si le risque est réel ou non. Au besoin il pourra mettre en place des soins préventifs (lavage d’estomac, perfusion…) pour éliminer les toxines avant les premiers symptômes. Plus le cheval est traité tôt plus les chances de succès sont élevées.
Si vous ne connaissez pas la plante et si elle n’est pas habituelle dans le foin ou la pâture :
Il faut chercher à l’identifier.
Nous vous présentons ci-dessous quelques plantes toxiques parmi les plus fréquentes et les plus dangereuses mais cette liste est loin d’être exhaustive. On trouve une liste très complète sur le site vegetox de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, mais il n’est parfois pas facile d’identifier la plante sur le terrain.
Des applications de reconnaissance botanique comme PlantNet ou Garden Answers permettent d’identifier n’importe quelle plante à partir d’une photo et sont relativement fiables. De manière générale, méfiez vous des plantes à fleurs jaunes, nombre d’entre elles sont toxiques (Porcelle, Seneçon, cytise, genêt, …)
En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire, il saura vous conseiller au mieux, en prenant en compte votre région, votre cheval, son gabarit etc…
Quels sont les signes évocateurs d’une intoxication chez le cheval ?
Malheureusement, on ne repère pas forcément la plante toxique et parfois on ne s’aperçoit du problème que lorsque le cheval développe des symptômes.
Ceux-ci varient en fonction du toxique, mais on a 2 grandes familles de signes cliniques :
- Signes digestifs : coliques, diarrhées parfois noires ou hémorragiques, gaz…
- Signes neurologiques : prostration, abattement, ou au contraire excitation, ataxie, tremblements…
D’autres cas sont plus particuliers : décubitus et urines foncées lors de myopathie atypique, mort subite pour les toxiques les plus violents, fourbure…
Ces signes doivent vous alerter immédiatement et il faut contacter en urgence son vétérinaire. C’est lui qui évoquera ou non une intoxication en fonction de son examen clinique, les causes de ces symptômes pouvant être variées.
Reconnaître les plantes toxiques chez le cheval
Les plantes toxiques pour le cheval sont extrêmement nombreuses.
Il est quasiment impossible de les connaître toutes à moins d’être un as en botanique. Cependant, il est bon pour un cavalier de connaître au moins les plus dangereuses et les plus fréquentes, surtout celles qui sont appétentes pour le cheval comme c’est parfois le cas.
Les plantes mortelles même à faible dose
- L’If
C’est une des plus connues parmi les plantes toxiques chez le cheval.
Ce conifère est assez facile à reconnaître avec ses fruits typiques en forme de petites boules rouges. Il provoque chez le cheval une mort foudroyante même à très faible dose, mais heureusement, il est très peu attirant pour le cheval.
- Le laurier rose
Cette plante d’ornement est très fréquente dans le sud de la France.
Facile à reconnaître lorsqu’elle est en fleurs, il est primordial de savoir l’identifier car elle est extrêmement toxique.
Elle provoque la mort du cheval par arrêt cardiaque.
- Le robinier faux-acacia
Seule l’écorce est toxique mais il suffit de 150g pour une intoxication mortelle.
Les symptômes sont plus progressifs, avec des signes de coliques, de l’ataxie, et une dégradation en quelques jours. Le cheval peut le grignoter par ennui si l’arbre est dans un paddock pauvre en végétation par exemple.
A lire aussi : Les coliques chez le cheval
D’autres plantes ont une toxicité très élevée comme la digitale, l’euphorbe, l’aconit ou la belladone, leur ingestion est cependant relativement rare.
Les plantes plus modérément toxiques, selon la dose ingérée, mais relativement fréquentes
Dans le foin ou en pâture.
- Le seneçon de Jacob
On peut le rencontrer en prairie ou parfois séché mélangé au foin. Cette plante provoque une hépatite sévère, avec un amaigrissement, des signes de coliques, des troubles neurologiques. Elle est possiblement mortelle en cas d’atteinte sévère.
- Le coquelicot
Il est toxique en grande quantité (plus de 10% du fourrage), car il contient un dérivé opiacé. Il provoque des troubles du comportement et de la digestion mais est rarement mortel.
- Le trèfle
Il est toxique consommé jeune en grande quantité, donc plutôt au printemps.
Il provoque :
- des signes de coliques,
- de la fourbure,
- mais aussi des symptômes neurologiques (ataxie, incordination).
Il est rarement mortel.
A lire aussi : La fourbure chez le cheval
- La porcelle enracinée
Elle est responsable du Harper Australien.
Elle est responsable d’une intoxication chronique d’évolution progressive. Cela commence par un harper bilatéral (mouvement exagéré de flexion du postérieur). Cependant si on laisse l’intoxication se poursuivre, cela peut s’aggraver jusqu’à entrainer une paralysie et le décubitus du cheval. Les symptômes s’estompent progressivement après le retrait du cheval de la pâture, cependant des séquelles peuvent persister.
On la rencontre plus fréquemment dans le sud de la France, dans des parcelles pauvres où le cheval la consomme par défaut.
Les arbres :
- Le chêne
Ce sont les glands qui sont toxiques consommés en moyenne à grande quantité, de par les tanins qu’ils contiennent.
Ils provoquent une diarrhée hémorragique et des coliques sévères.
L’intoxication est plus fréquente à l’automne, il est fortement conseillé de ne pas mettre les chevaux dans des prés avec des chênes à cette saison car les chevaux ont tendance à apprécier les glands.
- L’érable sycomore
Là encore c’est le fruit qui est toxique. En effet, les samares de cet érable sont responsables de la myopathie atypique. Il est difficile de lutter contre cette intoxication car les samares peuvent parcourir plusieurs kilomètres portées par le vent.
A lire aussi : La myopathie atypique chez le cheval
Les haies et jardins :
- Le thuya et les cyprès
Ils provoquent principalement des coliques associées à de la diarrhée et à une prostration. Ils peuvent être mortels.
- La datura
Cette plante souvent cultivée en ornement pour ses grandes fleurs provoque des symptômes principalement neurologiques. Elle peut être mortelle en grande quantité.
- Fougère aigle
Plante de sous-bois très courante, elle provoque des diarrhées, saignements de nez et symptômes neurologiques. Les feuilles ne sont toxiques qu’en grande quantité, mais le rhizome (racine) est beaucoup plus dangereux et potentiellement mortel.
Pour retrouver l’ensemble des plantes toxiques chez le cheval, vous pouvez suivre ce lien vers le site « vegetox » de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse.
PS : les photos ne sont pas celles du site originel
Pour conclure :
Les intoxications aux plantes restent relativement fréquentes chez le cheval, mais contrairement à ce qu’on imagine, elles touchent plus les chevaux au foin et en paddock que ceux vivant au pré. En effet, si les humains ont parfois du mal à identifier les plantes toxiques, les chevaux les évitent naturellement la plupart du temps.
Cependant, ces intoxications peuvent être très graves voire mortelles, il est donc important de prévenir, en étant très vigilant sur le foin et les plantes auxquelles le cheval a accès.
Les traitements sont généralement limités, ils consistent selon la gravité des symptômes à soutenir l’organisme et à l’aider à éliminer les toxines.